Quelle ironie... Je suis un sondeur qui s’assoit mais un comédien de stand-up. Quand les autres s’assoient ou restent debout, je fais l’inverse, en regardant dans l’autre sens, je navigue à contre-courant. Un peu comme une sonde en fait. (Désolé, ça va trop loin ? Nous les comédiens, on a toujours du mal à en juger.)
De temps en temps, vous voulez faire un spectacle comique qui soit un peu différent, peut-être un peu plus personnel. J’aime les blagues et ce qui est drôle, mais tous les deux ou trois ans, j’ai envie de plus. C’est pourquoi cette année, je me suis dit, c’est bon, il est temps d’avouer au public certaines choses très privées et potentiellement embarrassantes sur ma vessie.
Je suis parfaitement placé pour m’embarrasser moi-même. Plus que tout autre job, nous, les clowns, nous évacuons nos angoisses et nos faiblesses en public - pas pour qu’on se moque de nous, mais pour qu’on rit avec nous. Et peut-être devons-nous réaliser que, comme un livre d’occasion sur Amazon, aucun d’entre nous n’est en parfait état. Nous sommes peut-être un peu endommagés, mais avec un peu de chance encore acceptables. De toute façon, il ne faut pas juger un livre à sa couverture. C’est le contenu qui compte. (Enfin, je ne veux pas dire le contenu de notre vessie.)
J’ai dévoilé mon absence de nombril sur scène pendant des années. Je trouvais que c’est un signe particulier assez intéressant, une excellente façon de briser la glace et de faire quelque chose qu’aucun autre comédien ne pouvait faire et, peut-être, remettre les idées en place des célibataires en goguette.
À l’école, j’ai eu une relation d’amour/haine avec mon absence de nombril. Dans les douches, après le sport, j’ai réalisé qu’il était un peu différent - J’étais un peu différent - et un ou deux gamins m’ont embêté à cause de ça, et de mes cicatrices. Avec le recul, cependant, ils embêtaient n’importe qui et pour n’importe quoi. Ils avaient surnommé un camarade de classe « Courge » simplement parce qu’il avait bu une fois une gorgée de boisson à la courge.
La première fois que j’ai réalisé que mon nombril tout lisse (par rapport à d’autres « rentrés » ou « sortis ») pourrait être une bonne chose, c’était lors de mon premier voyage au Fringe Festival d’Édimbourg alors que j’étais adolescent. On savait que les célébrités (celles qui étaient du genre intellos) fréquentaient un bar en particulier, donc on y est allés directement. Là, direct, on a repéré l’actrice Sophie Aldred. Ça ne vous dit rien ? Elle jouait le rôle d’Ace, dans Docteur Who dans les années 1980. Et nous voulions lui dire bonjour.
Mes potes ont essayé d’attirer son attention alors qu’elle buvait tranquillement un verre*, sans y parvenir. (Rétrospectivement, nous n’aurions tout simplement pas dû l’ennuyer alors qu’elle buvait un verre au calme). J’ai suggéré en plaisantant de lui montrer mon nombril tout lisse. Et évidemment, j’ai été poussé vers elle avec des encouragements : « Montre-lui ton nombril ! ». C’est ce que j’ai fait, nous avons bavardé et 20 minutes plus tard, j’ai mis fin à notre conversation juste parce que je ne savais plus quoi dire sur Docteur Who.
Maintenant, je suis moi-même un ancien du Fringe Festival d’Édimbourg, et je monte sur la scène d’autres festivals de comédie également. Passons maintenant au dernier tabou du monde de la comédie - le mot qui commence par S - « les sondes »…
*L'abus d'alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération
Les opinions exprimées ici sont de nature personnelle et anecdotique et ne doivent en aucun cas remplacer l’avis médical d’un professionnel. En cas de questions, vous devriez toujours consulter votre médecin ou votre infirmier(ère).