L’envie d’uriner apparait ainsi lorsque la pression dans la poche vésicale augmente. Une miction, pour être dite normale, doit remplir certains critères :
- Être volontaire et indolore
- Durer moins d’une minute
- Permettre d’évacuer 350 ml d’urine en moyenne
- Permettre de vider complètement la vessie
- Avoir lieu de jour, avec une fréquence de 3 ou 4 heures
Il arrive cependant que le besoin d’uriner se fasse ressentir plus souvent. Les mictions ont alors une fréquence excessive. On parle de pollakiurie, un terme médical qui définit un symptôme clinique. La pollakiurie n’est pas une pathologie. Explications.
La pollakiurie : lorsque l’envie d’uriner est trop fréquente
L’envie fréquente d’uriner est appelée pollakiurie. Les mictions sont rapprochées et le volume d’urine évacué à chaque passage aux toilettes est généralement inférieur à 100 ml. Autrement dit moins que le volume considéré comme normal. Cependant, le volume d’urine total sur 24 heures est normal, chose qui différencie la pollakiurie d’un autre trouble urinaire : la polyurie.
Le besoin d’uriner trop fréquemment peut se manifester de jour comme de nuit. On distinguera alors :
- La pollakiurie diurne: plus de 7 mictions par jour avec moins de 2 heures entre chacune d’elles
- La pollakiurie nocturne (également appelée nycturie) : plus d’une miction par nuit contraignant la personne à se relever pour aller aux toilettes
Notons cependant qu’après 50 ans, ressentir le besoin d’uriner une fois pendant la nuit est considéré comme normal.
Envie fréquente d’uriner : quels autres symptômes doivent alerter ?
La fréquence rapprochée des mictions et la faible quantité d’urine émise à chaque fois sont les principaux symptômes d’une pollakiurie. Dans certains cas, ce trouble urinaire peut contraindre une personne à devoir uriner toutes les 15 minutes, seulement quelques gouttes.
Mais la pollakiurie peut également être associée à d’autres manifestations :
- Les mictions sont impérieuses (l’envie d’uriner est pressante, urgente)
- Une incontinence urinaire avec des fuites d’urine
- Des sensations de brûlure au moment de la miction
Envie fréquente d’uriner, mais pas d’infection urinaire : quelles sont les causes ?
Les infections urinaires, telles que les cystites aiguës (plus rarement les pyélonéphrites), sont des causes très fréquentes de pollakiurie. Il arrive également que certaines personnes aient une vessie de petite taille. On parle alors de « petite vessie constitutionnelle ».
Mais il existe d’autres raisons pouvant expliquer un besoin d’uriner trop fréquent. Retenons en particulier :
- La présence d’un obstacle à l’évacuation de l’urine (un calcul, par exemple)
- Un cancer de la vessie
- Une atteinte du système nerveux(sclérose en plaques, maladie de Parkinson, AVC) conduisant à une vessie dite « neurologique »
- Une hyperplasie bénigne de la prostate
- Un cancer de la prostate
Par ailleurs, certaines maladies touchant un organe à proximité de la vessie peuvent aussi provoquer des mictions fréquentes : un kyste de l’ovaire par exemple, ou encore une sigmoïdite (inflammation de la partie du côlon appelée sigmoïde).
Envie fréquente d’uriner et syndrome de la vessie hyperactive
Les personnes qui souffrent du syndrome de la vessie hyperactive ont des contractions involontaires du muscle vésical. Cela les conduit à avoir besoin d’uriner fréquemment et de façon spontanée. Plus précisément, le syndrome de la vessie hyperactive provoque un besoin urgent d’uriner, alors que la vessie est vide.
Les pollakiuries psychogènes : lorsque le psychisme est la cause des envies fréquentes d’uriner
Une autre explication aux mictions fréquentes mérite d’être soulignée : la relation entre l’esprit et la vessie qui, dans certaines situations, conduit à une pollakiurie dite « psychogène ».
Certaines émotions fortes peuvent en effet induire chez une personne le besoin d’uriner. Présenter des troubles anxieux peut également avoir cette conséquence.
Enfin et notamment chez les personnes présentant une incontinence urinaire, la pollakiurie peut être dite « réflexe ». Dans ce cas, l’envie d’uriner apparaît par précaution, le plus souvent par peur des fuites urinaires lorsque les toilettes ne sont pas ou peu accessibles.
L’envie fréquente d’uriner chez la femme enceinte
Autre cause à souligner d’un besoin fréquent d’uriner sans aucune infection urinaire : la grossesse.
En effet, la pollakiurie est un trouble urinaire fréquent chez les femmes enceintes, et ce dès les premiers mois de la grossesse. Cela s’explique de 2 façons :
- Les changements hormonaux
- La pression de l’utérus sur la vessie
Dans ce cas, le besoin fréquent de vider sa vessie doit disparaître après l’accouchement.
Envie fréquente d’uriner sans infection urinaire : le cas du diabète
Parfois, les mictions peuvent être fréquentes et les urines évacuées abondantes : on parle alors de polyurie. Les symptômes de ce trouble urinaire sont différents de ceux de la pollakiurie :
- Les mictions sont fréquentes, mais le volume d’urine est normal à chaque passage aux toilettes
- Le volume total d’urine évacué en 24 heures est supérieur à 3 litres. Il est donc supérieur à la normale
Cette polyurie est souvent un symptôme précoce du diabète. Grâce aux mictions fréquentes, le corps peut ainsi évacuer le glucose excédentaire.
Par ailleurs, les personnes diabétiques ressentent souvent une soif excessive puisqu’elles se déshydratent en urinant trop et trop fréquemment. Il conviendra alors dans ces cas-là d’apprendre à bien gérer l’apport de liquide.
Notons enfin qu’une polyurie peut aussi être la conséquence d’une prise de médicaments diurétiques ou d’une trop grande consommation de thé, de café ou d’alcool.
Envie fréquente d’uriner sans infection urinaire : et si c’était quand même une cystite ?
La cystite interstitielle, également appelée « syndrome de la vessie douloureuse », est une pathologie chronique provoquant de fortes douleurs et des mictions fréquentes et urgentes. Ces envies d’uriner intempestives se produisent de jour comme de nuit, si bien que ce trouble peut engendrer un manque d’autonomie et des conséquences sur tous les plans (vie professionnelle, vie personnelle, loisirs, etc.).
Encore assez méconnue, la cystite interstitielle est une pathologie essentiellement féminine. Due à une inflammation de la vessie sans cause infectieuse, elle ne se traite pas par antibiotiques. Il convient donc de bien la distinguer de la cystite aiguë, ou infection urinaire.
Le diagnostic de la cystite interstitielle se fait par cystoscopie et éventuellement par biopsie de la vessie. Le plus souvent, le traitement passera par des modifications du régime alimentaire, un travail sur la réduction du stress et des exercices destinés aux muscles pelviens. Le recours à la chirurgie est également possible dans certaines situations.
Mictions trop fréquentes sans infection urinaire : que faire ?
Si vous avez envie d’uriner trop souvent, la première chose à faire est d’en parler rapidement à votre médecin.
Dans un premier temps, le médecin analysera vos urines à l’aide d’une bandelette urinaire afin d’exclure toute infection urinaire. Il vous posera ensuite plusieurs questions :
- Le temps entre 2 mictions en journée
- Le nombre de fois où vous devez vous lever la nuit pour uriner
- Si vous avez des difficultés à uriner, des douleurs, des sensations de brûlure ou encore des fuites urinaires
Pour établir son diagnostic, votre médecin peut également vous demander de tenir un calendrier mictionnel le temps de quelques jours. Ce dernier permettra notamment de savoir si vos envies fréquentes d’uriner sont dues à une pollakiurie ou une polyurie.